Faut-il interdire les signes religieux ostentatoires dans l'espace public ? Le burkini

La France est un État laïc depuis la loi de séparation des Églises et de l'État du 9 décembre 1905. 
La laïcité, c'est le principe de séparation dans l'État de la société civile et de la société religieuse et d'impartialité ou de neutralité de l'État à l'égard des confessions religieuses. Pourtant, il semblerait que la France réagisse à quelques pratiques religieuses malgré son statut d'État laïc. On a pu le constater avec l'exemple du burkini.

Des questions ont donc le mérite d'être posées : Qu'est-ce donc un espace public selon la loi ? Qu'est-ce qu'un signe religieux ostentatoire ? Que dit la loi à propos des signes religieux dans les lieux publics ? Qu'est-ce qu'un burkini ? En quoi le burkini est un signe religieux ostentatoire ?


Dans les sociétés humaines (en particulier urbaines), un espace public désigne un lieu de passage et de rassemblement qui est à l'usage de tous. Il appartient à l'État soit à une une entité juridique et morale de droit, et parfois il peut exceptionnellement appartenir à un domaine privé. Par exemple : la plage, un parc, une école publique ...

Un signe religieux ostentatoire est considéré comme une façon de montrer son appartenance religieuse en la mettant en valeur de façon excessive. Par exemple pour certains français, porter un chapelet en permanence ou porter un voile, se serait porter un signe ostentatoire religieux.

La loi concernant le port de signes religieux en lieux publics est très strictes en France. Dans les écoles, collèges et lycées publics, il est interdit de porter des signes d'appartenances religieuses (croix, kippa ...): « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.Le règlement intérieur rappelle que la mise en œuvre d'une procédure disciplinaire est précédée d'un dialogue avec l'élève. » - Article L. 141-5-1 du code de l'éducation. 
D'après la loi de 1905 sur le principe de laïcité : «La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions (...) édictées dans l'intérêt de l'ordre public». Dans l’espace public, que ce soit dans la rue, les transports en commun, les commerces ou encore les centres commerciaux, chacun a le droit de porter un signe religieux ou le voile. La neutralité s’impose en effet à l’État et à ses représentants, mais pas aux usagers ni aux citoyens à l’intérieur des établissements publics, dont les écoles. Depuis la loi de 2010, il est toutefois interdit de «porter une tenue destinée à dissimuler son visage» dans l'espace public - le voile intégral est ainsi interdit.


Femme portant un burkini


Il faut maintenant expliquer ce qu'est un burkini pour savoir si c'est un signe ostentatoire religieux ou pas. En 2004, l’australienne d'origne libanaise Aheda Zanetti invente le burkini. Elle explique qu'elle a voulu proposer une tenue permettant aux femmes de se baigner en respectant la pudeur religieuse. Le terme "burkini" est la contraction des termes "burqa" et "bikini".
Le burkini est donc un maillot de bain que les femmes de professions musulmanes peuvent porter si elles souhaitent se baigner en voulant respecter leur religion. Mais étant donné que ce maillot de bain est en quelque sorte un lycra intégral, les femmes ayant des problèmes de peau peuvent en bénéficier pour sortir à la plage sans risquer les coups de soleils qui peuvent leurs être fatals. Donc à l'origine, le burkini est un maillot de bain (et l'est toujours) et n'est pas un signe d'appartenance religieuse. Alors comment cette tenue est passée de simple maillot de bain à signe religieux considéré comme ostentatoire ?


Entre 2004 et 2015, des polémiques éclatent en France et à l'étranger, concernant l'autorisation ou non du port du burkini. Pourtant, ces contre-verses restent très localisées et le maillot de bain fait dans l'ensemble très peu de vague.
En 2016 éclate alors une autre polémique à l'étranger cette fois, à propos des enseignes proposant des articles de "mode islamique" (par exemple les hidjabs de H&M ou plus ressemant le "pro-hidjab" de Nike). La ministre actuelle du droit des femmes Laurence Rossignol prend donc position contre ce phénomène dans une interview sur RMC. Pourtant, le burkini n'est pas visé en tant que tel.

http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/laurence-rossignol-face-a-jean-jacques-bourdin-en-direct-754572.html

Le 24 juin de cette même année, une femme porte plainte à Aurillac (Cantal) car on l'empêche de se baigner en burkini dans le centre aquatique de la ville ; et le 5 août, une association voulait louer le parc aquatique des Pennes-Mirabeau sur une journée en septembre. Cette réunion, pour laquelle l’association avait demandé à ce que la baignade en burkini soit autorisée, fut annulée en raison d'une vive opposition de la mairie et de responsables politiques de droite et d’extrême droite. Bien qu'autorisé en principe par la loi, l’événement n'a pas eu lieu.
C'est alors qu'un arrêté interdisant le port de vêtements religieux sur les plages de la ville de Cannes (Alpes-Maritimes) relance la polémique. Le texte vise implicitement le burkini, alors que rappelons le, le burkini n'est qu'un maillot de bain féminin. Des dizaines de villes du Nord et du Sud de la France prennent des arrêtés similaires dans la foulé. Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et la Ligue des droits de l’homme (LDH) prennent alors position contre ces mesures.


Le 23 août 2016, des policiers niçois verbalisent une femme portant un burkini  au nom de l'arrêté "anti-burkini". Cette arrestation choquera les français  et d'autres habitants du monde entiers. 


Le 26 août 2016. Le conseil d'État décide de suspendre l'arrêté municipal pris à Villeneuve-Loubet, qui visait implicitement le port du burkini. Les juges ont notamment estimé que dans cette commune « aucun élément ne permet de retenir que des risques de trouble à l’ordre public aient résulté de la tenue adoptée en vue de la baignade par certaines personnes. En l’absence de tels risques, le maire ne pouvait prendre une mesure interdisant l’accès à la plage et la baignade ».
Dans les trente autres communes ayant pris des arrêtés similaires, les arrêtés municipaux sont toujours en vigueur jusqu’à ce qu’ils soient contestés en justice. La décision du Conseil d’Etat concernant l’arrêté de Villeneuve-Loubet se veut un arrêt de principe. Il permet d’affirmer que, en cas de recours, les autres arrêtés seront eux aussi cassés par la plus haute juridiction administrative française.


En prenant des mesures contre le port de ce maillot de bain, les politiciens concernés ont commis des erreurs. Le burkini, qui est un maillot de bain, a été considéré comme un signe d'appartenance religieuse. Beaucoup pensent qu'il s'adresse en majorité aux femmes de professions musulmanes, mais ce maillot de bain n'a été dans aucuns cas conçu comme étant signe religieux.  

Le burkini est donc toléré par certains, et d'autres ne le tolèrent pas. Mais il ne devrait pas, en principe, être considéré comme un signe religieux ostentatoire. Et ne l'étant pas, il devrait être autorisé comme n'importe quel maillot de bain sur les plages. Ce qui n'est malheureusement pas le cas en France, pays des droits de l'Homme et du citoyen. 



Maintenant, faut-il interdire les signes religieux ostentatoire en France ? Et bien tout dépend du point de vue de chacun mais en principe du moment que ce signe ne porte pas atteinte à la liberté d'autrui, il peut être toléré. 
C'est pourquoi la question du port du voile est un sujet sensible en France. Parfois il est vrai que certaines femmes soient obligées de porter un voile, mais il s'agit de cas isolés. Aujourd'hui, nombreuses sont les femmes qui choisissent de porter un voile par respect de leur tradition, ou bien tout simplement par envie. Le choix leur appartient. De même, si elles souhaitent porter un burkini, ces femmes ont le droit. Elles ne portent pas atteinte à la liberté d'autrui. 















Commentaires

  1. La question du burkini n'est pas seulement une question de signe religieux mais aussi l'adhésion à une vision de la femme que certains peuvent juger dépassée voir discriminante pour la femme. Or dans une société où la femme s'est battue pour l'égalité, sur ce point, ces femmes musulmanes semblent se positionner comme objet s potentiels du désir des hommes et devant s'en protéger (disent-elles par pudeur) et non pas comme sujet égal aux hommes. Ce n'est donc pas seulement un question religieuse mais aussi une question sociale et de progrès social, de parité et d'égalité, une question de culture aussi. Cette question questionne les fondamentaux de la république française. Interdire ou tolérer ? Qu'est-ce qui est plus judicieux ? L'excision des femmes dans certaines sociétés aussi posent ce problème. Certains affirment que c'est une question religieuse, mais c'est aussi une pratique de mutilation de la femme. Alors tolérer ou interdire, quelle est la meilleure solution ?

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